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Welcome to hell ! (Denis Montjoie aux enfers, roman)

  • christophe lartas
  • 8 juin
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Extrait de texte 5 Welcome to hell ! Denis Montjoie aux enfers ou Démences et décadences dans la France des démons, roman (France, 2046), encore inédit à ce jour



Jerôme Bosch, Le Jugement dernier (détail), 1495-1505
Jerôme Bosch, Le Jugement dernier (détail), 1495-1505

Welcome to hell ! Extrait de texte 5 chapitre 13 Denis Montjoie aux enfers ou Démences et décadence dans la France des démons, roman


Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné dans les cacophoniques corridors de cette cité de démons où pas une seule seconde ne s’écoule que des véhicules de luxe ne couinent à l’excès sur l’asphalte rouge antidérapante destinée à fluidifier la circulation ? Pourquoi, fol et irritant Principe invisible, me laisses-tu à la dérive le long de ces rues rebaptisées d’appellations infâmes qui font ressembler chaque jour davantage cette effrayante capitale du décadentisme à une unité de soins psychiatriques, un Maboulistan hypertrophique ? Comment pourrais-je supporter au cours des prochaines années ce tohu-bohu alors que je frôle la crise de nerfs chaque fois que je choisis de m’aventurer dans ces égouts à ciel ouvert afin de conserver une bonne santé cardio-vasculaire et ne point trop me laisser aller à de moroses considérations, dans mon T2, en m’affalant sur mon antique divan de cuir vert bouteille ? Mon Dieu, pourquoi m’as-tu fait échouer sur les rivages malpropres et fétides de cet immonde XXIe siècle où surgissent partout des manifestations culturelles, sportives, indigénistes, étudiantes, racialistes, transgenres, éco-artistiques, antispécistes, néo-féministes, ou wokistes, qui n’auront de cesse que nous ne soyons totalement abrutis, abattus, décervelés, zombifiés, soumis, tandis que s’évaporent en continu les ultimes vestiges de ce monde possédant une beauté certaine, les dernières reliques du temps jadis, les seules à même de m’insuffler encore un peu de courage car elles représentent à mes yeux comme la fluette, mais revivifiante, bouffée d’air, venue des âges légendaires en ayant pu s’infiltrer par les interstices de la porte coupe-vent, de la porte blindée, de cette époque concentrationnaire et convulsionnaire à la fois… ?


Pourquoi, Grand Invisible, pourquoi a-t-il fallu que je naisse en un temps où l’on peut voir se promener sur les grands boulevards des hommes à minijupes moustachus, barbus, les jambes épilées et le visage maquillé savamment ? des femmes aux jambes et aux bras velus, bodybuildées au possible, vêtues comme des camionneurs ou des ouvriers du bâtiment, des gangsta rap ou des enfants en bas âge ? où l’on croise sans trêve des bourgeois-bohèmes de la droite libérale, ou catholique pro-islamique, l’air béat et positif, hideusement positif, conduisant des poussettes à quadruple ou quintuple places dans quoi vagissent ou roucoulent le produit de leurs accouplements sanctifiés ? où l’on avise avec effarement et dégoût des rappeurs à têtes de bourgeois-bohèmes de gauche, ou des slameurs du même genre, qui s’autoproclament « poètes maudits d’aujourd’hui » en vendant à profusion de gros recueils de « poèmes » — blâmant d’ordinaire le privilège blanc ou le énième retour de la bête immonde — qu’ils transportent dans leurs sacs à dos fluorescents aux couleurs criardes, sans omettre de mentionner également les interminables, hystériques, et vomitives, mobilisations des artistes-activistes contre l’ultra-droite xénophobe, binaire, écofasciste et royaliste ou contre l’extrême-droite souverainiste, traditionaliste, judéo-chrétienne et néofasciste ? où l’on coudoie des groupes de petits truands métissés, vêtus et gominés à la mode des années 1920-1950, n’hésitant pas à battre à mort des SDF, à poignarder de même à mort des vieilles gens, puis à violer en groupe des enfants ou des adolescents des deux sexes ? où l’on peut observer avec colère et accablement, et un dévastateur sentiment d’impuissance, des politicastres de la nomenklatura nationale se rengorger d’être poursuivis par des hordes de groupies hystériques — groupies qui s’avèrent être le plus souvent de jeunes garces issues de la néo-bourgeoisie libérale-progressiste convertie à l’islam — avant de se pavaner sur chaque place publique ou sous les chapiteaux des salles de spectacles, sous l’œil des caméras journalistiques, et des smartphones tenus à bout de bras par ces lamentables passants anonymes, ou ignobles militants, qui se pâment à la moindre apparition desdits politiciens… ? Oui, pourquoi tout cela doit-il m’être infligé, au bout du compte ? J’aimerais tellement le savoir, même si je ne sais que trop, au fond, qu’il n’y a rien à savoir, mais tout à subir jusqu’à l’heure du trépas.

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