Miniatures, micro-récits
- christophe lartas
- 20 juin
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Extrait de texte 9 Miniatures, micro-récits Miniatures ou la Ronde des morts qui se consument dans la spirale en feu du temps, micro-récits, 2021, éditions de l'Abat-Jour
Miniatures, micro-récits Miniatures ou la Ronde des morts qui se consument dans la spirale en feu du temps, 2021 Extrait de texte 9
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La guerre planétaire entre l’humanité déliquescente et les blattes en cours de mutation se poursuivait depuis deux mille ans, aucune des puissances belligérantes ne parvenant à prendre définitivement le dessus. Un jour, il advint qu’une éclipse solaire persista plusieurs mois — anomalie cosmique des plus imprévue. Alors les blattes vainquirent de haute lutte l’espèce humaine. Elles firent des survivants un cheptel d’esclaves qu’elles dénommèrent « cafards ». Elles-mêmes se nommèrent « hommes » et sacrèrent un roi — le Roi du monde. Un autre cycle cosmique s’amorçait. Ïaldabaoth esquissa un nouveau sourire.
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Les hommes célébraient l’an 7000. La planète était une seule et grandiose cité-État ; une Athênai des temps cosmiques. De vastes jardins ornés de bassins d’eau et de fontaines l’agrémentaient par-ci par-là. L’oligarchie mondiale atteignait à une fantastique omnipotence. Beaucoup de ses membres pouvaient prolonger leur existence au-delà des quatre cents ans. Les pauvres étaient aujourd’hui expédiés en masse dans les camps d’assainissement : ils offensaient continûment la vue des riches ; ils heurtaient, par ailleurs, la sensibilité de la caste des artistes. Afin de remédier à ces inconvénients, il fallait prendre des mesures drastiques. Les dirigeants suprêmes s’accordaient sur ce point. Or, la trajectoire du gigantesque astéroïde qui percuta la Terre de plein fouet n’avait pu être déviée, ni même anticipée, par la caste des scientifiques, ces derniers réfléchissant quasi exclusivement depuis trois siècles au moyen de perfectionner encore davantage la technologie, la logistique et l’administration des susdits camps. La planète, à la lettre, explosa. Pas un seul vaisseau spatial à l’usage de l’oligarchie n’avait eu le temps de décoller.
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La mort d’un gorille est comme la mort d’un ange, ainsi que la mort d’une baleine, d’un lombric, d’une gazelle, d’un léopard, d’une couleuvre, d’un escargot… La mort de l’empereur Tibère fut comme celle d’un ange, de même que la mort de Caligula, Gengis Khan, Timur Lang, Napoléon Ier, Adolf Hitler, Joseph Staline, Mao Zedong, Bokassa Ier… Tous ces êtres ne sont au vrai qu’une seule et même forme d’énergie lumineuse dérivant peu ou prou de la substance du divin. À le dire autrement, ils sont l’écrit de Dieu, l’aria obscure et brasillante à la fois de son âme. Faut-il pour autant aimer de tout son cœur ce théâtre d’ombres éclaboussé de sang, de cris et de larmes ?
