Nanofictions : L’araignée pleure
- christophe lartas
- 4 déc. 2024
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Dernière mise à jour : 29 janv.
Nanofictions ( 2024 - ) 1

Nanofictions 1
1
L’araignée pleure au pied des archanges célestes et de leur créateur, le Principe primordial ; elle est lasse des paradis blancs et des sphères de lumière. Elle regrette jour après jour le goût du sang et les gouttes de pluie cristallines posées sur sa toile diaphane.
2
Lors d’une nuit sans lune, Saturne se dirigea vers le palais de marbre vert-rose de ses enfants afin de les dévorer tous ; ils purent finalement s’échapper à la faveur de l’intervention d’un escargot qui, du fait de sa lenteur innée et de sa fragilité non moins innée, eut l’heur de ralentir le vieux titan en suscitant chez lui quelque moment de commisération.
3
Quand les étoiles tomberont comme de vulgaires grains de poussière et que l’azur lui-même sera retiré de l’espace comme une nappe de cuisine à carreaux rouges et blancs, il sera temps de comprendre — il n’est jamais trop tard pour bien faire — que l’univers n’était qu’un éphémère expir de Brahmā.
4
La vie après la mort, pour moi, c’est bien pire que le néant : je me retrouve donc sur une espèce de gigantesque plateforme d’acier où, de quelque côté que se tourne mon regard, je n’aperçois que les fantasmes de guerre qui accompagnèrent ma brève existence : flots de sang, sanglots violents, os brisés, chairs déchirées. Bienvenue au sein de mon âme éternelle.